Le Collectif pour l’alternative à l’austérité (3A), qui réunit des acteurs du monde politique, syndical et associatif, a lancé, hier, un appel à une journée de mobilisation, le 15 novembre, dans les grandes villes du pays contre la politique du gouvernement.
«Pour dire non au budget d’austérité du gouvernement Valls et appeler à ce qu’il soit rejeté, pour dire non aux exigences du Medef, pour rassembler et construire une alternative à la politique actuelle ! »
Le menu de la journée du 15 novembre s’annonce copieux. Alors que la politique de François Hollande est massivement rejetée (84 % de mécontents, selon le dernier sondage Ifop pour le JDD), le Collectif pour l’alternative à l’austérité (3A) a lancé, hier, avec une conférence de presse à Paris, un appel à manifester ce jour-là dans les grandes villes de France.
Issu de la manifestation du 12 avril dernier contre l’austérité, « qui avait réuni 100 000 personnes à Paris » rappellent ses organisateurs, le collectif 3A s’est étoffé depuis ses derniers rendez-vous. Outre les nombreux syndicalistes de la CGT, Solidaires, FO, FSU, et responsables associatifs, l’horizon politique s’est élargi. « Nous sommes, cette fois, une dizaine à avoir signé l’appel (du collectif – NDLR), ce que nous n’avions pas fait pour le 12 avril même si certains avaient participé à la manifestation », a expliqué, hier, Jérôme Gleizes, d’Europe Écologie-les Verts. Au-delà des composantes du Front de gauche qui avaient pris part au lancement de la marche du 12 avril, le rassemblement s’étend désormais du NPA d’Olivier Besancenot aux socialistes affligés de Liêm Hoang-Ngoc.
Le « gouvernement nous emmène droit dans la crise »
La première cible dans le viseur de ces nouvelles marches, c’est le budget 2015 qui doit être voté à l’Assemblée nationale le 18 novembre. « Les engagements pris n’ont pas été respectés, la politique conduite à la place est un échec et tous les instituts de conjonctures annoncent une catastrophe », a dénoncé, hier, François Auguste, pour le PCF. L’objectif de la mobilisation dans ce contexte ? « Permettre concrètement que le vote au Parlement finisse par dérailler d’ici à début décembre », selon Éric Coquerel, coordinateur politique du Parti de gauche. Ou encore, selon la version d’Olivier Besancenot (NPA), pour qui « la vraie fronde aura lieu dans la rue », mener « la bagarre jusqu’au bout et faire tomber le budget ».
Le PG entend aussi porter un mot d’ordre qui ne figure pas à l’appel commun : « Nous estimons que se pose non seulement une question sociale mais aussi démocratique et qu’il devrait être possible de faire à mi-mandat un référendum révocatoire », a défendu Éric Coquerel. Mais ce qui fait le fond commun de la journée, c’est la lutte contre l’austérité. « L’austérité se résumerait à des chiffres, à une comptabilité, c’est faux. L’austérité, c’est des vies de galères, sans solidarité », a rappelé Willy Pelletier, de la fondation Copernic, avant de céder, peu après, la parole à Malika Zediri, de l’Apeis : « On montre du doigt les millions de chômeurs, responsables de ne pas accepter n’importe quoi, de ne pas accepter des salaires de misère, responsables de tout ».
« L’alternative est indispensable », a, dans la foulée, alerté Jérôme Gleizes, pour qui le « gouvernement nous emmène droit dans la crise et à un face-à-face droite-FN » en 2017. Mais, au-delà des militants politiques, le message s’adresse aussi aux syndicalistes et aux salariés, a estimé Guy Tresallet, de la FSU : « Je n’ai pas envie que les organisations syndicales attendent 2017 pour se mobiliser comme on l’avait fait le 1er mai 2002 ». « Donner de la voix à ceux qui souffrent de ces politiques et inverser ces choix, c’est le sens de l’action de la CGT dans cette initiative », a ajouté Carlos Moreira, secrétaire général de la fédération des industries chimiques CGT.
En somme, il s’agit « d’enclencher une dynamique populaire, citoyenne, sociale et politique », a résumé François Auguste, pour qui le 15 novembre sera aussi l’occasion « d’ancrer ce mouvement dans les territoires ».
Pour imposer un changement de cap, beaucoup comptent sur le nombre alors que, depuis des mois, la contestation à gauche cherche une issue : « Bien sûr, il y aura des responsables politiques, des mouvements sociaux mais c’est par le nombre que le rapport de forces sera installé dans le pays », a jugé Clémentine Autain, porte-parole d’Ensemble.
La mobilisation devrait ainsi se décliner dans les grandes villes mais, à Paris, rendez-vous est déjà pris place Denfert-Rochereau, à 14 heures, pour aller vers l’Assemblée nationale.
Julia Hamlaoui - l’Humanité - Mardi 28 Octobre 2014